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La déportation des communards sur l’île des Pins

La déportation des communards sur l’île des pins

C’est bien une drôle d’histoire que l’on a peine à imaginer aujourd’hui quand nous marchons sur les plages paradisiaques de l’Ile des Pins (Kunié en langue kanake). Cette dépendance de la Nouvelle Calédonie garde encore discrètement quelques traces de ce passé, sous forme de lieux souvent en ruine, traces de cette époque où l’administration pénitentiaire avait décidé d’en faire une terre de la déportation.
Il y a 150 ans, sur cette île « la plus proche du paradis » comme la surnomment les touristes japonais, plus de 3 000 parisiens furent parqués huit années durant, condamnés pour avoir participé à l’insurrection de la Commune de Paris.
Ces voyageurs malgré eux, qui n’avaient jamais eu l’occasion de quitter leur ville et qui se retrouvèrent ainsi embarqués dans une odyssée les menant aux antipodes de la métropole.
Dans un dénuement le plus total, ils ont su organiser une vie d’exil, sans espoir de retour, dans des conditions d’isolement moral difficiles. Les tribus kanakes repoussées dans les parties les plus arides de l’île ne purent nouer que quelques contacts avec les déportés.
Il existe un seul témoignage sous forme du récit de Louis Redon, communard condamné à la déportation qui décrit ce dur voyage d’exil. Franc-maçon initié en 1863, il se veut « à la hauteur de son destin » et tentera jusqu’au bout de transmettre son idéal à travers la rédaction de son journal et en devenant l’instituteur de l’île. Sa santé fragile ne lui permettra pas de surmonter les rudes conditions de vie imposée et décédera avant l’amnistie et le retour tant attendu.
Les déportés les plus célèbres (Louise Michel ou Henri de Rochefort en autres) ne connaitront pas le quotidien de l’île de pins, installés dès leur arrivée au bagne de Nouméa, au plus près de la surveillance de l’administration coloniale. Ce qui n’empêchera pas l’évasion de Rochefort en 1874.
Il faut attendre 1880 pour qu’une loi d’amnistie totale soit votée et permette le retour des communards en métropole. Avant leur départ, un monument dédié aux 262 morts de l’exil sera inauguré au centre du cimetière des communards de l’île.
Aujourd’hui subsiste de cette histoire une subvention annuelle de la ville de Paris allouée à la chefferie de l’île des pins pour l’entretien de ce lieu de mémoire du « bout du monde ».