Les Calédoniens
« Les Calédoniens », Nouvelle Calédonie, 1995/2000
Dans les années 90, la Nouvelle-Calédonie est à l’aube d’une ère nouvelle. Ses habitants, Kanaks, Caldoches et les autres communautés asiatiques et océaniennes installées, vont découvrir une nouvelle façon de vivre ensemble, une nouvelle manière d’organiser leur vie sociale, économique et culturelle après cent cinquante ans de déchirements. Pour cela, il leur faudra à la fois s’ouvrir et se protéger.
Jean-François Marin a désiré rencontrer ces hommes et ces femmes, explorer leurs différences, retrouver la trace des générations passées sur les visages de ceux qui devront faire l’avenir de cette île.
Dans ces rencontres, l’appareil photographique a été l’outil de la dernière étape, celui qui a permis de consacrer en un instant le symbole de cette visite, tout en faisant de cette image un relevé documentaire, anthropologique. Il ne s’agit pas d’une démarche scientifique, mais d’une recherche d’artiste et d’explorateur. Jean-François marin est un rapporteur, il raconte par ses photographies et leur accumulation, un point de vue et un état.
L’auteur est bien informé, les voyages successifs qui ont commencé lors d’un séjour « en coopération » lui ont permis de saisir les contractions et les cohérences des différentes identités calédoniennes. Chaque rencontre a été une expérience délicate, et chaque image en est une conséquence. L’auteur n’a pas utilisé les techniques du reportage, celles qui mènent le photographe à guetter en permanence pour saisir la bonne image, celles qui prétendent traduire dans l’instant la quintessence d’une situation.
Jean-François Marin s’est muni d’un appareil lourd, encombrant, un de ces appareils qui sacralise par sa forme et son apparente complexité. Cet appareil ne peut saisir l’image « à la sauvette », mais n’empêche pas pour autant la spontanéité, il impose en revanche la disponibilité des sujets, et leur volonté d’être représentés.
Des visages, des attitudes de pose, des décors et paysages, le travail du photographe relève patiemment et méthodiquement les indices d’une histoire passée et les prémices d’un avenir. C’est le cumul de toutes ces photographies qui permet, au-delà des mots et des études, de conserver et de représenter un moment exceptionnel pour les peuples, ceux qui se libèrent du colonialisme et ceux qui l’abandonnent. Serge Challon
Ce travail photographique sera présenté au centre culturel Tjibaou de Nouméa en 1999. Le livre de photographies « Les calédoniens » avec une préface de l’écrivain Lionel Duroy, accompagnera cet évènement.
Ces photographies seront largement diffusées en métropole, publiées dans la presse nationale et exposées lors de festival de photographies (Paris, Bretagne, Corse)
Ce sera la première étape d’une longue série sur l’identité insulaire dans les Outre-Mer français qui mènera le photographe dans les grandes régions maritimes de la planète où subsistent quelques terres immergées, témoins d’une puissance coloniale française d’une autre époque.